'Parmi les moyens qui peuvent rendre visible le fonctionnement inconscient de la pensée, l'homme considère la ligne comme une chose tellement normale et acceptable qu'il en maîtrise parfaitement le caractère spécifique. Dès qu'un anthropoïde réfléchi eut aperçu, derrière lui, la trace de son passage dans la boue ou le sable, dès qu'il eut regardé devant lui dans la direction où il voulait aller, envoyer quelque chose ou quelqu'un, il a ressentit la nécessité d'enregistrer l'expérience ou l'intention d'une manière lisible. Le moyen de le faire de manière immédiate et disponible fut de traîner ou pousser un pointe sur une surface molle pour répéter la trace de son passage, de guider une pointe contre une surface dure pour enregistrer son intention ou son projet. Le dessin automatique - sans le contrôle conscient de la volonté - représente l'une des méthodes courantes les plus valables pour visualiser le contenu de l'imagination et de la pensée inconsciente. Son utilisation est plus difficile qu'elle n'en a l'air et comporte certains dangers. L'artiste devrait se familiariser avec le contenu de sa représentation automatique, et puis l'oublier.' Mais il met en garde, '...Ce n'est que lorsqu'on oublie la représentation, lorsqu'on assimile l'expérience par le processus inconscient de reconnaissance (et dès lors pensé), et parce qu' elle s'imprime sur la pensée inconsciente, que la familiarité avec l'image maintenant établie, peut alors contribuer à une véritable expression.'8

'Ces expériences se comptèrent parmi les plus difficiles à enseigner. Pour nos collègues occidentaux qui ont l'habitude d'une action volontaire et acharnée, la complète décontraction musculaire exigée, est difficile à accomplir. Bien qu'ils soient préparés à faire presque n'importe quoi, nos gens rencontrent d'énormes difficultés avec les problèmes liés à l'action de ne rien faire. Nous avons eu, avec beaucoup d'entre eux, à lutter contre de très sérieuses habitudes, du préjudice et d'énormes blocages. Il fut souvent nécessaire de donner l'exemple d'une complète relaxation, en invitant un débutant à prendre ma main et à dessiner avec elle. On lui démontrait ensuite qu'il deviendrait capable d'en faire autant, que lorsque sa propre main pourrait se mouvoir avec cette même absence de résistance. Pour que le dessin inconscient n'ait aucun contenu émotif ou affectif, (une expression préférée à l' "automatique" des Surréalistes), il faut le pratiquer dans certaines conditions rigoureuses. Ainsi, même si on a atteint un juste degré de relaxation, une action à la fois rapide ou lente, en fait toute vitesse constante d'exécution, feront clairement échouer notre dessein. Seul le changement de vitesse, de démarrage et d'arrêt totalement fortuit, permet l'apparition de toute image sous-jacente inconsciente. Dans ce but, c'est le fameux tableau Ouija qui reste le plus valable puisque, avec plusieurs personnes travaillant ensembles, le résultat demeure secret jusqu'à ce que le travail soit terminé. Dans une opération de ce genre, Il serait intéressant de prouver qu' un participant et un seul dirige inconsciemment l' action.---/'9

Ce serait même plus intéressant, si l'on considère que ces personnes qui utilisent le tableau Ouija, ne sont pas subrepticement dirigées par leur inconscient mais par un inconscient collectif, leurs aberrations conduisant à un mouvement éloquent.
'---/Pour revenir à l'action livrée au hasard, on suggère au nouveau venu de parler en dessinant. Bien que ce soit réellement insatisfaisant, ceci a vraiment pour effet de le familiariser avec le cycle discontinu du mouvement.'9

fig.XXIV..JPG (166339 octets)

.XXIV. UNCONSCIOUS DRAWING, S.W. Hayter
Fig 113, page 230, Chapitre 18: Experimental drawing, 'New ways of gravure', 1981 New-York, Watson-Guptill Publications.
Dessin inconscient avec remplissage des intervalles selon le rapport 1:1 dans une ligne continue mais aventureuse qui, d'une certaine façon, détourne de sa qualité véritablement linéaire mais qui possède une signification précise qui sera développée plus tard. On devrait remarquer l'exactitude bien plus que fortuite des intersections de trois lignes ou plus indiquant qu'un contrôle rigoureux mais inconscient fonctionne, ce n'est pas un pur hasard. Le simple dessin de la ligne illustre mieux le dessin inconscient débarrassé du remplissage des intervalles.
Notez que le nombre d'intersections précises entre trois lignes ou plus, serait très improbable en suivant les 'lois' du hasard.

fig.XXV..JPG (138308 octets)
On pourrait extraire la silhouette d'un homme qui gesticule des lignes errantes de la figure .XXV. UNCONSCIOUS DRAWING.
Des interprétations possibles se cachent dans ces dessins inconscients - trouvez à l'intérieur ou des objets, ou des personnes, ou des animaux. Dans le dessin inconscient ci-dessus, on peut voir une figure assise, mais c'est en fonction de l'imagination d'une seule personne. Un autre individu peut trouver d'autres personnages ou animaux apparaissant ou disparaissant et que l'on peut développer ou laisser s'évanouir dans leur arrière plan linéaire. Puis, il peut y avoir une réaction consciemment évoquée, entre le figuratif et le linéaire qu'on pourrait pour un instant modifier pour un autre point de vue.
Existe-t-il des formes émergeant du mélange des longues lignes qui ne s'y trouvaient pas à l'origine mais qui résultent du croisement des sections, produisant, par exemple, des sortes d'ovales, d'ondes sinusoïdales ou d'autres possibilités géométriques?
Dans l'exercice des Surréalistes, des figures surgissent mystérieusement de cet arrière plan. Puis cela devient une question consciente de savoir si l'on veut ou non extraire de telles figures évocatrices ou si l'on veut qu'elles émergent de l'arrière plan dynamique. Avec un contrôle approprié, les lignes libres inconscientes peuvent devenir une expression possible des formes et des objets - des transformations et des mouvements variés et dynamiques - faire d'elle non seulement une ligne mais une potentialité.

'---/ (Il est intéressant de constater que, dans la plupart des langues que nous employons, le dessin inconscient se mentionne sous un diminutif dédaigneux). D'un point de vue psychologique, il se peut que nous ressentions la nécessité de défendre notre ego contre les menaces de l'irrationnel.---/'9

'The Expression of the Unconscious', The Graphics, S.W. Hayter - Emily House Gallery, Hempstead, New-York, 1970.

9 'New Ways of Gravure', S.W. Hayter, New-York, 1981, Watson-Guptill Publications, chapitre 17, 'Les Méthodes d'Enseignement à l'Atelier 17'.

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