Le discours se transforme complètement
pour pénétrer dans les domaines de l'inconscient. On peut employer la ligne
soit consciemment comme nous l'avons vu précédemment en créant différents types
d'espaces par des choix logiques ou bien on peut l'utiliser directement - spontanément
pour exprimer l'inconscient. Il existe pas mal de possibilités d'utiliser la
ligne. On pourrait envisager la première comme le résultat d'un mouvement ou
comme un signe de mouvement dans le futur. C'est la logique qui domine l'utilisation
consciente de la ligne.Ou bien, on pourrait utiliser la ligne pour indiquer
des intentions, selon une certaine manière d'écrire, en utilisant consciemment
la ressemblance entre ce qui est écrit et ce qui est décrit comme les égyptiens
dans les hiéroglyphes, les japonais et les chinois dans la calligraphie.
On peut, enfin, peut rendre la ligne indépendante de ce qui est décrit. La possibilité
du hasard surgit ici, entre objet et notation, comme dans les alphabets modernes.
C'est une des connections que les Surréalistes ont approfondie entre le langage
et l'art abstrait, quand ils parlaient d'"Ecriture Automatique". Après
l'avoir maîtrisée et s'en être réjoui, on peut se délecter avec une ligne fortuite,
non dans l'intention de la faire fonctionner ou lui faire signifier quelque
chose mais pour le pur plaisir physique de ses formes et de ses courbes. Il
s'agit d' une méthode pour rendre visible le contenu de l'inconscient et de
l'imagination, sans le contrôle de la volonté ou d'une intention consciente.
Outre le fait que le dessin automatique donne accès aux couches de la personne,
fermées à l'effort conscient, il est plus difficile qu' il n'en a l'air et comporte
certains dangers qu' il faut éviter.
Ainsi doit-on apporter certaines
restrictions quant à son exécution. Le participant devrait l'entreprendre dans un état
de relaxation complète à la fois mentale et physique - en incluant le corps entier, en
dessinant à partir de l'épaule (pas seulement du bras ou de la main) penché debout
au-dessus de la feuille sur laquelle il va dessiner, si bien que son corps entier s'unifie
en un seul mouvement pour finir par fonctionner non comme un manipulateur mais comme un
instrument.
De plus, on doit réaliser le dessin avec une vélocité constamment variée, ni
simplement rapide ou lente mais avec une vitesse continuellement changeante: démarrages
et arrêts inclus. Comme dans le calcul le plus rationnel, la fréquence des changements
dans le dessin de la ligne est significative, de même que la fréquence du changement de
la fréquence du changement. Dans ce cas, comme dans beaucoup de ces expériences, le
profond discernement influence même l'inconscient.